C’est la faute de la Municipalité !

C’est la faute de la Municipalité !

En préambule, un petit rappel est nécessaire pour les lecteurs de ce site qui ne sont pas aux faits de la politique Suisse, ou même vaudoise, tant cela change d’un canton à l’autre. Dans le canton de Vaud, la gestion d’une commune est confiée à un exécutif, que l’on appelle Conseil Municipal, ses membres sont les conseillers municipaux. Ils sont élus par la population de la commune concernée. L’exécutif exécute : il dispose d’un pouvoir concernant les affaires courantes selon un budget décidé une année à l’avance par le Conseil communal (il s’agit d’un conseil général dans les petites communes), qui est le législatif. Les membres du conseil communal sont aussi élus par la population de la commune concernée. Le législatif, comme son nom l’indique, vote des lois, qu’appliqueront l’exécutif (la Municipalité). Si le Conseil municipal souhaite faire passer un projet, il doit présenter un « préavis » au Conseil communal, qui le passera au vote pour décision, avant exécution. Vous me suivez ?

Bien. Alors venons au fait de cet article. J’ai le malheur de perdre mon temps sur Facebook, parfois. C’est de moins en moins une partie de plaisir, car il faut jongler entre les messages inutiles qui interdisent à Facebook d’utiliser nos données et les plaintes de mes semblables concernant la marche du monde. Dans le groupe Facebook « T’es d’Yverdon si… » et ses nombreuses déclinaisons (il y a un groupe T’es d’Yverdon « Officiel », un autre « libéré », un quatrième encore plus officiel que le deuxième…), il ne se passe pas un jour sans un message qui considère que la Municipalité d’Yverdon-les-Bains est responsable du moindre changement dans les petites habitudes tranquilles des résidents.

Dans la jolie ville d’Yverdon donc, les habitants de ce lieu paisible ont érigé la Municipalité dans le rôle du coupable idéal. Un dernier exemple concerne le centre commercial Migros, au centre-ville. Depuis des années, il offrait les deux premières heures de parking à sa clientèle. Le centre a décidé récemment, et c’est son droit, de réduire le temps gratuit à une heure et trente minutes. L’exécutif de la deuxième ville du canton en a pris pour son grade. C’est forcément sa faute si les gestionnaires du centre, une société privée qui n’a de compte à rendre à personne, ont décidé de modifier les conditions d’accueil de la clientèle. Un autre exemple concerne la gare de cette même ville : cette grande plateforme voit passer des milliers de personnes tous les jours, qui pour prendre un train, un bus ou un taxi, pour se rendre à la Poste ou acheter des clopes un journal au kiosque de la gare. Jusqu’à présent, il était possible de traverser la zone de la gare avec son véhicule à la vitesse folle de 20 kilomètres/heure, en évitant les piétons qui ont la priorité sur les véhicules dans cette « zone de rencontre ».

La Ville a décidé, certainement pour la sécurité des piétons, que le trafic privé ne peut plus traverser la zone, mais doit rebrousser à mi-chemin. Le système en vigueur depuis quelques jours permet toujours et encore d’accéder au cœur de la gare pour les petites emplètes ou pour aller chercher Belle-Maman à la sortie du train avec son tintébin. Aux alentours, il y a des centaines de places de parking. Peu importe l’année et les manifestations dans la région, il y en a toujours au moins une de disponible.
Une importante frange de la population yverdonnoise (du moins, les membres actifs des divers groupes « T’es d’Yverdon si… ») se plaignent de ce qu’ils considèrent comme des limitations de leurs libertés : ils ne peuvent plus garer la voiture sur les marches de la Coop Pronto ou devant la porte d’entrée du kiosque de la gare.

J’avoue que cela m’épate. Au vingt-et-unième siècle, les gens ont tous un téléphone dans la poche ou une smartwatch au poignet, avec une fonction géniale, le podomètre. La faculté de médecine recommande 10’000 pas par jour : c’est le moment d’essayer de rentabiliser l’achat de cet appareil en vérifiant si l’on a une activité physique suffisante !

Dans tous les cas, rappelez-vous que vos représentants communaux sont élus par la population, donc par vous. Il ne sert à rien de crier au « woke » ou de hurler sur les gauchistes si votre ville doit supprimer des places de parking pour construire un arrêt de bus empiétant sur la route. Votre municipalité n’est pas responsable des normes, souvent imposées par Berne, qu’elle doit appliquer sans avoir son mot à dire.
Si la politique de votre commune ne vous convient pas, je vous invite à choisir un groupe politique et vous inscrire pour les prochaines élections communales : dans le canton de Vaud, la législature actuelle se termine en 2026. Mais attention, la politique communale c’est du travail, pas mal de travail… et cela ne rapporte rien ou pratiquement rien ! Mieux, dans les petits villages, il suffit de se présenter à la prochaine séance du conseil général et de prêter serment. Il n’est même pas nécessaire d’être élu !

Article publié initialement à l’adresse histoiredesinventions.com

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